Les origines du savoir-faire lié à l’arganier remontent à plus de 150.000 ans dans la région d’Essaouira. C’est ce qu’ont révélé les résultats présentés lors d’une conférence scientifique tenue à Bayt Dakira, où archéologues et spécialistes se sont réunis pour partager les avancées les plus récentes sur le sujet.
Organisée par l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine, en partenariat avec l’Association Essaouira-Mogador et la direction provinciale de la Culture, cette rencontre a permis de revenir sur les découvertes majeures faites sur les sites de Bizmoune et Jbel Lahdid. Des lieux déjà connus pour avoir livré les plus anciens objets de parure du monde, datés entre 142.000 et 150.000 ans.
Depuis ces premières trouvailles, les recherches ont progressé. Elles révèlent non seulement une occupation humaine dense et continue, mais aussi l’exploitation maîtrisée et durable de l’arganier par les populations préhistoriques. Ce patrimoine matériel, associé à des pratiques de transformation élaborées, éclaire d’un jour nouveau l’histoire ancienne du territoire d’Essaouira.
Présent à cette occasion, André Azoulay, Conseiller de S.M. le Roi et président fondateur de l’Association Essaouira-Mogador, a salué la rigueur des équipes de recherche. Il a souligné que ces résultats renforcent la place d’Essaouira comme centre culturel et écologique majeur dans l’histoire humaine. Il a également insisté sur la nécessité de poursuivre l’exploration scientifique, notamment pour mieux cerner le rôle de l’arganier dans l’alimentation et les usages cosmétiques des civilisations anciennes.
Le directeur de l’INSAP, Abdeljalil Bouzouggar, est revenu sur la richesse des traces archéologiques mises au jour, mettant en évidence la transmission continue d’un savoir-faire lié à l’arganier. Il y voit la preuve que la région n’a pas seulement été habitée mais qu’elle a servi de foyer d’innovation à travers les âges.
Ismail Ziani, doctorant et membre de l’équipe de Bizmoune, a pour sa part détaillé les apports de méthodes récentes comme l’analyse des résidus organiques. Elles ont permis de reconstituer l’environnement végétal et de confirmer la présence stable de l’arganier depuis des millénaires. Selon lui, cette continuité traduit une adaptation ingénieuse des communautés humaines aux ressources locales, et une transmission culturelle ininterrompue.
La directrice provinciale de la Culture, Rania Khouya, a exprimé sa fierté face à ces recherches, qui confirment le rôle singulier d’Essaouira dans la préhistoire de la région. Pour elle, ces travaux enrichissent à la fois le patrimoine national et la reconnaissance internationale du Maroc en matière de recherche archéologique.
Au-delà de l’arganier, la conférence a élargi la réflexion aux stratégies de subsistance, aux migrations humaines et à la capacité d’adaptation face aux changements environnementaux. Autant de dimensions qui replacent Essaouira au cœur des dynamiques humaines en Afrique du Nord depuis des dizaines de milliers d’années.
