L’accès au financement reste un défi majeur pour les petites et moyennes entreprises marocaines. D’après la dernière enquête menée par la Banque européenne d’investissement (BEI) dans le cadre du Trade and Competitiveness Programme (TCP), cofinancé par l’Union européenne, une PME sur deux peine encore à obtenir un crédit formel auprès d’une banque ou d’un établissement financier.

Réalisée auprès de 150 dirigeants d’entreprises issues de secteurs stratégiques tels que le textile, l’agroalimentaire ou l’automobile, cette enquête met en lumière les difficultés persistantes d’accès au financement dans un tissu économique où les PME constituent l’un des principaux moteurs de l’emploi et de la croissance.

Près de la moitié des entreprises interrogées affirment avoir contracté un prêt auprès d’un organisme financier, mais 35 % déclarent avoir dû recourir à des sources informelles — proches, amis ou réseaux personnels — pour assurer leur financement. Une pratique jugée risquée et peu durable, en raison de son inadéquation avec les besoins structurels de ces entreprises. Par ailleurs, 15 % des PME disent avoir essuyé un refus de prêt, tandis qu’à peine 1 % n’ont jamais sollicité de financement, formel ou informel.

Les obstacles les plus fréquemment cités concernent des taux d’intérêt jugés trop élevés (57 %), des exigences de garanties importantes (50 %) et un niveau de fonds propres insuffisant (26 %). À cela s’ajoutent des contraintes administratives : procédures longues et complexes (53 %), manque d’accompagnement (27 %) et insuffisance d’informations sur les dispositifs existants (26 %). Autant de freins qui limitent la capacité des PME à accéder efficacement aux mécanismes de financement disponibles.

La BEI, dans le cadre du TCP, collabore avec plusieurs institutions bancaires marocaines afin de réduire ces barrières. Le programme prévoit notamment des mécanismes de garantie partagée pour diminuer le risque des banques lors du financement de projets d’investissement portés par des PME opérant dans des chaînes de valeur stratégiques.

L’étude souligne aussi l’impact direct du manque de financement sur l’exportation. Plus d’un tiers des dirigeants interrogés considèrent ce déficit comme un frein à l’internationalisation. Quatre PME sur dix déclarent exporter, mais à une échelle limitée, faute de moyens suffisants pour répondre aux normes des marchés étrangers.

« Même avec des opportunités solides à l’international, obtenir un crédit reste un défi. Les conditions sont rarement adaptées à la réalité des PME. On nous demande des garanties que nous ne pouvons pas fournir, et les taux sont souvent trop élevés », témoigne un dirigeant cité par le rapport.

Pour y remédier, la BEI mise sur des solutions combinant accompagnement technique, allègement des garanties et taux préférentiels, afin de libérer le potentiel d’investissement des entreprises et renforcer leur compétitivité. Un partenariat a notamment été signé avec la Banque Centrale Populaire (BCP) pour développer une ligne de crédit dédiée aux PME exportatrices.