La réforme du système de santé marocain s’accélère, et la priorité est claire : remettre à niveau les services d’urgences. Le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Amine Tahraoui, a affirmé, mardi à Rabat, que la question des urgences constitue “une priorité vitale” dans le chantier national de réforme du secteur, soulignant leur rôle central dans la prise en charge immédiate et la sauvegarde des vies humaines.
Répondant à une question orale à la Chambre des conseillers sur la situation des urgences hospitalières, le ministre a reconnu que ces services souffrent de plusieurs dysfonctionnements, notamment la surpopulation, le sous-effectif médical et la présence de nombreux cas non urgents, estimés à près de 60 % des admissions. Cette situation pèse lourdement sur la qualité de la prise en charge et la rapidité des interventions.
Pour y remédier, le ministère a lancé un plan d’action à court terme d’une durée de dix semaines, axé sur la réorganisation interne des services, la normalisation des protocoles médicaux, la présence continue des médecins dans les services d’urgence et l’amélioration de l’accueil des patients. Ce programme prévoit aussi la mise en place d’une signalétique nationale unifiée, la rénovation des espaces d’attente et l’aménagement de salles de repos pour le personnel soignant.
Amine Tahraoui a également annoncé une réforme structurelle à moyen terme, visant à renforcer la formation des urgentistes, à augmenter les effectifs médicaux et paramédicaux et à introduire des incitations financières et professionnelles spécifiques pour attirer davantage de compétences. Ce plan comprend le développement de réseaux régionaux de type SAMU, afin d’assurer une meilleure coordination entre les structures hospitalières et la prise en charge pré-hospitalière.
Abordant la question de la santé en milieu rural, le ministre a mis en avant un vaste programme d’investissement dans les infrastructures sanitaires, destiné à réduire les disparités territoriales. Il a cité plusieurs réalisations récentes, dont les hôpitaux de proximité de Midar, Talsint et Ahfir, ainsi que l’hôpital provincial de Tinghir, qui desservira plus de 300.000 habitants.
Le programme national prévoit la réhabilitation de 1.400 centres de santé de proximité d’ici la fin de l’année 2025, avec des normes modernisées, des équipements biomédicaux récents et une connexion au système numérique national. À cela s’ajoutent 22 nouveaux projets hospitaliers entre 2022 et 2025, 24 en cours de réalisation et 20 autres programmés à l’horizon 2027, pour une capacité totale de près de 7.000 lits supplémentaires.
Le ministre a enfin évoqué la construction de nouveaux centres hospitaliers universitaires à travers le Royaume, destinés à rapprocher la formation médicale et les soins des citoyens. “L’objectif est d’assurer un accès équitable et de bâtir un système de santé moderne, humain et résilient, au service de tous les Marocains”, a conclu Amine Tahraoui.