Le Maroc ne se contente plus d’avancer sur le chemin de la justice sociale : il trace la voie. Lors d’une table ronde sur la protection sociale organisée dans le cadre des Réunions de printemps de la Banque mondiale et du FMI, la directrice générale de l’Agence Nationale du Soutien Social (ANSS), Wafâa Jemali, a mis en lumière l’ambition marocaine de bâtir un État social inclusif, sous l’impulsion directe de SM le Roi Mohammed VI.
« La protection sociale n’est pas un luxe, c’est un pilier de notre trajectoire de développement », a-t-elle affirmé devant un parterre de responsables internationaux, saluant une réforme d’envergure désormais reconnue comme un modèle à suivre dans l’espace MENA.
Avec un budget de 25 milliards de dirhams en 2024, qui devrait atteindre les 30 milliards d’ici peu — soit près de 2 % du PIB — le programme d’Aide Sociale Directe est l’un des plus ambitieux au monde. Et ce, sans recourir à des financements extérieurs : l’État marocain en assure seul la charge, grâce à une réforme ciblée des subventions et une mobilisation des contributions solidaires.
Mais l’aide n’est pas qu’une question de montants. Le modèle marocain repose sur une vision intégrée : formation, emploi, éducation, santé familiale, autant de leviers activés pour garantir une transformation durable. « L’objectif est clair : rompre avec la précarité chronique, et offrir à chaque famille une vraie opportunité de rebond », a martelé Mme Jemali.
Pour s’assurer que chaque dirham serve les bonnes causes, le Registre Social Unifié (RSU) constitue la pierre angulaire du dispositif. Ce système de notation permet d’identifier les familles les plus vulnérables en croisant plusieurs indicateurs — revenus, logement, conditions de vie — et en adaptant les aides aux réalités territoriales.
À ce jour, plus de 4 millions de familles bénéficient du programme, représentant plus de 12 millions de Marocains, dont 5,6 millions d’enfants et plus d’un million de personnes âgées.
L’invitation du Maroc à s’exprimer dans ce forum mondial n’est pas anodine. Elle marque une reconnaissance claire du leadership du Royaume dans le domaine social, et du rôle de catalyseur régional qu’il assume aujourd’hui. Pour la Banque mondiale comme pour le FMI, le Maroc est désormais un acteur actif du partage de bonnes pratiques.
« Ce chantier royal, appuyé techniquement par la Banque mondiale, est aujourd’hui un cas d’école pour toute la région », a conclu Mme Jemali, en rappelant que le défi, désormais, est de lier politiques sociales et politiques d’emploi, pour faire de cette dynamique un moteur de croissance inclusive et durable.