La récente visite de Rachida Dati, ministre française de la Culture, à Laâyoune, dans les régions du Sud marocain, a provoqué une vive réaction de la part de l’Algérie.
Pour les militaires au pouvoir à Alger, il s’agirait pour eux non pas d’un simple déplacement diplomatique ou culturel, mais d’une « provocation ». En se rendant à Laâyoune, la ministre française, d’origine marocaine, n’a pas simplement inauguré des projets culturels ou renforcé les liens franco-marocains. Elle a envoyé un message politique clair : un soutien explicite à la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.
Lundi, la ministre s’est en effet au Sahara, marquant une première : c’est la première fois qu’un membre du gouvernement français se rend officiellement au Sahara. Mme Dati s’est félicitée d’une visite “historique” au cours de laquelle elle a annoncé à Laâyoune la création d’une Alliance française.
Ce geste s’inscrit dans la continuité de la reconnaissance par Emmanuel Macron en 2024 du plan marocain d’autonomie comme solution crédible et réaliste à ce conflit vieux de plusieurs décennies. Cette position française marque un tournant majeur dans la diplomatie européenne vis-à-vis du Sahara.
Pour Rabat, cette visite est une victoire symbolique et diplomatique. Elle conforte sa position sur la scène internationale et renforce son argument selon lequel ses provinces du Sud sont un modèle de développement et d’intégration.
Réaction épidermique et frustration à tout va
Mais pour la junte qui détient le pouvoir en coulisses à Alger, la visite de Rachida Dati représente une « provocation directe » et d’« acte d’une gravité particulière ». Dans un communiqué ressassant ses éléments de langage habituels, l’Algérie y voit carrément une « atteinte à la légalité internationale ».
Cette indignation s’explique par plusieurs facteurs. La diffusion de ce communiqué suite à la visite de la ministre française au Sahara prouve encore, une nouvelle, l’implication directe de l’Algérie dans la question du Sahara. Ensuite, le soutien français au Maroc isole davantage Alger sur la scène internationale, alors que plusieurs pays européens et arabes ont récemment exprimé leur appui au plan d’autonomie marocain.
De plus, en dénonçant avec véhémence la visite de Rachida Dati, Alger cherche également à mobiliser ses alliés et ses sbires, payés avec les revenus du gaz et par le contribuable algérien.
Au-delà du conflit maroco-algérien, cette controverse met également en lumière les relations tendues entre Paris et Alger. Depuis plusieurs années, les relations franco-algériennes oscillent entre coopération pragmatique et crises diplomatiques récurrentes. La reconnaissance française du plan marocain d’autonomie a été perçue par Alger comme une trahison, renforçant le sentiment d’un isolement diplomatique.