Les podcasts n’échappent plus à la vague de l’intelligence artificielle. En un an, des milliers d’émissions entièrement générées par algorithmes ont envahi les plateformes, bouleversant une industrie encore fragile et en quête de modèle économique stable.
Tout est désormais automatisé : plus de studios, plus de micros, plus d’humains. L’IA écrit, monte, synthétise les voix et publie, à un rythme industriel. L’entreprise américaine Inception Point AI, pionnière du secteur, produit déjà près de 3.000 podcasts par semaine avec seulement huit employés. Pour sa fondatrice Jeanine Wright, ancienne cadre du studio Wondery, la logique est simple : produire à bas coût et miser sur le volume. « Un épisode ne coûte qu’un dollar à générer et devient rentable dès vingt écoutes », explique-t-elle.
Ce modèle bouleverse les repères d’un marché jusque-là artisanal. Grâce à la baisse des seuils publicitaires, même un podcast ultra-niche — par exemple sur le taux de pollen d’une ville donnée — peut désormais attirer des annonceurs ciblés.
Mais cette prolifération de contenus synthétiques fait grincer des dents. Beaucoup redoutent une saturation de “bouillie IA” — ces programmes de faible qualité inondant déjà internet et les réseaux sociaux.
Les plateformes — Apple Podcasts, Spotify ou YouTube — ne signalent pas encore lorsqu’un contenu a été généré par IA. Une opacité que certains jugent préoccupante. Certains défendent au contraire cette évolution. Selon eux, distinguer les podcasts IA n’aura bientôt plus de sens.
Mais pour les créateurs historiques, la magie du podcast réside ailleurs. « Écouter un podcast, c’est entrer dans la conscience d’un autre être humain », résume Nate DiMeo, producteur du célèbre The Memory Palace. « Sans cela, je trouve qu’il y a moins de raisons d’écouter. »
L’essor des podcasts IA illustre la mutation fulgurante de l’audio numérique. Une révolution technique fascinante, mais qui interroge : à mesure que les machines parlent, les voix humaines seront-elles encore entendues ?