Le débat autour du paracétamol pendant la grossesse refait surface, alimenté cette fois par des déclarations du président américain Donald Trump. Lors d’une conférence de presse, il a affirmé que ce médicament, largement utilisé à travers le monde, serait lié à un risque accru d’autisme chez les enfants. Une affirmation contredite par les études les plus solides à ce jour.
En Europe comme aux États-Unis, les autorités de santé ne remettent pas en question l’usage du paracétamol pendant la grossesse, à condition de respecter les doses recommandées. L’étude la plus complète à ce sujet, publiée en 2024 dans la revue JAMA, conclut à l’absence de lien entre la prise de paracétamol chez la femme enceinte et le développement de troubles du spectre autistique, du déficit de l’attention ou de déficiences intellectuelles chez l’enfant.
Le sujet n’est pas nouveau. Une controverse avait émergé au début des années 2020, alimentée notamment par une tribune signée par une centaine de chercheurs dans la revue Nature Reviews Endocrinology. Les auteurs y recommandaient de limiter l’usage du paracétamol pendant la grossesse, au nom du principe de précaution. Leur position, jugée trop alarmiste par une partie de la communauté scientifique, s’appuyait sur des données jugées insuffisantes pour conclure à un risque réel.
Plusieurs études d’observation ont en effet tenté d’explorer un lien entre exposition prénatale au paracétamol et autisme, dont une recherche danoise de 2015 qui rapportait un risque augmenté de 50 %. Mais leur méthodologie est largement critiquée : absence de prise en compte des facteurs héréditaires, confusion possible entre les causes de la douleur traitée et les troubles diagnostiqués, biais d’analyse…
L’Organisation mondiale de la santé a rappelé mardi que les preuves d’un lien éventuel restaient « incohérentes ». Quant à l’Agence européenne du médicament, elle maintient ses recommandations actuelles : le paracétamol peut être utilisé pendant la grossesse, à condition de respecter la dose minimale efficace et d’en limiter la durée d’usage.
Les autorités médicales rappellent aussi que le véritable risque concerne le surdosage, qui peut entraîner des lésions hépatiques graves. Par ailleurs, d’autres antidouleurs comme l’aspirine ou l’ibuprofène sont formellement déconseillés en fin de grossesse, en raison de dangers bien établis pour le fœtus.