La mer, dans la Vision de S.M. le Roi Mohammed 6, est bien plus qu’un espace géographique. Elle constitue un pilier de la prospérité nationale, un vecteur d’ouverture sur l’Afrique et un levier stratégique de souveraineté. Ce message a été porté mardi à Rabat par Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, à l’ouverture d’un séminaire consacré à la délimitation des espaces maritimes, organisé en partenariat avec l’Institut de droit international.
Dans une allocution lue en son nom, le ministre a rappelé que la Vision Royale lie explicitement l’intégrité territoriale du Royaume à son affirmation comme puissance maritime. Cette perspective dépasse la seule souveraineté. Elle s’inscrit dans une logique d’échange, de développement et d’intégration régionale à travers les océans, notamment avec l’Afrique.
Sur le plan interne, cette approche s’est traduite par le développement de l’économie bleue, la montée en puissance des infrastructures portuaires – à commencer par Tanger Med, devenu un acteur majeur en Méditerranée – et la construction en cours du port Dakhla Atlantique, conçu comme un carrefour logistique continental. Le Royaume s’attelle aussi à redynamiser sa flotte marchande pour renforcer ses liaisons commerciales avec l’Afrique et le reste du monde.
La mer est aussi au cœur de plusieurs grandes initiatives diplomatiques lancées par S.M. le Roi au cours des dernières années. Parmi elles, le Processus de Rabat, qui réunit 23 pays africains de l’Atlantique autour de trois priorités : sécurité maritime, protection environnementale et développement bleu durable. À cela s’ajoutent l’Initiative Royale pour l’accès des pays du Sahel à l’Atlantique, visant à briser l’enclavement en facilitant l’accès aux ports marocains, et le projet stratégique du gazoduc africain atlantique, lancé avec le Nigéria. Ce dernier, qui reliera treize pays, doit stimuler les économies locales et favoriser une stabilité régionale durable.
Ces projets incarnent une conviction forte portée par le Souverain : c’est en alliant vision et volonté que l’Afrique peut transformer ses défis en leviers de développement. C’est ce message que le Maroc a aussi défendu lors de la Conférence des Nations Unies sur les Océans, tenue en juin à Nice, où S.M. le Roi a coprésidé un sommet africain avec le Président français.
À travers cette orientation stratégique, le Maroc affirme un triple positionnement : une mer perçue non comme une limite mais comme un espace d’intégration, une gestion raisonnée de ses espaces maritimes, et une lecture évolutive du droit international de la mer.
Le ministre a insisté sur la nécessité d’adapter la Convention de Montego Bay, adoptée il y a plus de quarante ans, aux réalités actuelles. Il a plaidé pour une réforme de la gouvernance océanique intégrant les enjeux technologiques, environnementaux et les nouveaux usages maritimes.
Enfin, il a appelé à une ratification rapide de l’Accord sur la biodiversité au-delà des juridictions nationales (BBNJ), considéré comme un instrument essentiel pour protéger la haute mer. Pour les économies africaines, fortement dépendantes de la santé des océans, cet accord représente à la fois un enjeu de survie et une opportunité historique de prévenir les crises plutôt que de les subir.
Le séminaire a réuni plusieurs figures éminentes du droit international, parmi lesquelles Mohamed Bennouna, Président de l’Institut de droit international, et Yuji Iwasawa, Président de la Cour internationale de justice.