L’économie marocaine poursuit sur sa lancée avec une croissance estimée à 4,6% au deuxième trimestre 2025, selon les dernières données publiées par le Haut-Commissariat au Plan. Ce rythme, proche de celui du premier trimestre (+4,8%), confirme la dynamique amorcée fin 2024, portée par la vigueur des activités non agricoles et le redressement du secteur agricole.
Les services continuent de jouer un rôle moteur, évoluant depuis trois ans à un niveau bien supérieur à leur rythme de croissance d’avant 2020. Le secteur extractif bénéficie, de son côté, d’une demande soutenue en phosphate brut sur les marchés internationaux, alors que les tensions sur les prix des fertilisants se maintiennent. La construction enregistre aussi une nette amélioration, avec une progression estimée à 6,8%, soutenue par les grands projets d’infrastructures.
L’agriculture, pour sa part, devrait avoir connu une hausse de 4,7% sur la même période, contribuant modestement mais positivement à la croissance globale. Les récoltes de céréales, de cultures maraîchères et sucrières ont profité des mesures de soutien et d’une meilleure situation hydrique dans certaines zones, malgré des conditions climatiques inégales qui ont pesé sur d’autres productions, notamment les oléagineuses et les rosacées. La production animale, en revanche, reste en retrait, même si une légère reprise est observée dans l’aviculture.
La demande intérieure reste le principal moteur de cette dynamique, apportant 8,5 points à la croissance au premier trimestre 2025, alors que la demande extérieure poursuit son essoufflement, amputant la croissance de 3,8 points.
Pour le troisième trimestre 2025, le HCP table sur une légère décélération avec une croissance anticipée à 4,4%. Le ralentissement attendu de l’économie mondiale et la faiblesse de la demande extérieure pèsent sur les perspectives, tandis que la consommation intérieure et l’investissement devraient continuer de soutenir l’activité, bien que de façon plus modérée.
Les activités non agricoles devraient progresser de 4,2%, légèrement en deçà des 4,4% du trimestre précédent. Les tensions inflationnistes devraient rester contenues, avec une inflation estimée à 1,1% et une composante sous-jacente autour de 0,8%, sous l’effet d’une probable poursuite de la baisse des prix du pétrole.
Plusieurs incertitudes continuent néanmoins de planer sur les prévisions économiques. Le durcissement commercial entre les États-Unis et l’Europe pourrait freiner les exportations marocaines, notamment dans les secteurs automobile, métallurgique, chimique et textile, fortement tournés vers le marché européen. À cela s’ajoute le risque d’un affaiblissement supplémentaire de la production agricole en cas d’aggravation des vagues de chaleur estivales.
Certains facteurs pourraient cependant atténuer ces risques, à commencer par une meilleure tenue du secteur agroalimentaire ou encore une baisse plus marquée des cours pétroliers. Mais pour l’heure, le Maroc semble maintenir une croissance solide, malgré un contexte international de plus en plus incertain.