La Confédération des organisations d’agriculteurs et d’éleveurs espagnole (COAG) a ravivé sa campagne contre les exportations agricoles marocaines, dénonçant la commercialisation dans plusieurs supermarchés andalous de tomates cerises issues de Dakhla.
Proche de certaines organisations liées au Front Polisario, la COAG réclame la suspension de l’accord agricole entre l’Union européenne et le Maroc, qu’elle accuse de ne pas respecter les règles européennes sur la traçabilité et l’origine des produits. Le syndicat espagnol entend porter cette demande devant les institutions européennes dans les semaines à venir, appuyé par des députés espagnols au Congrès et un réseau d’ONG pro-Polisario.
Au cœur de cette contestation, la montée en puissance de l’agriculture d’exportation dans la région de Dakhla, que la COAG qualifie de « mégapole de la tomate ». Une récente étude citée par le syndicat souligne le développement rapide des cultures maraîchères dans cette zone désertique du sud du Sahara, avec plus de 1 000 hectares de serres actuellement exploités. Ces projets sont majoritairement portés par des opérateurs marocains bénéficiant de soutiens publics, dans une stratégie tournée vers les marchés européens.
La COAG fonde son argumentaire sur les arrêts rendus en 2021 par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), qui imposent une distinction juridique entre le Maroc et le territoire du Sahara occidental dans le cadre des accords commerciaux. Si ces décisions ne remettent pas en cause les exportations en provenance du Sahara, elles exigent que les produits soient étiquetés sans mention du Maroc comme pays d’origine.
L’organisation syndicale accuse le Maroc de non-conformité et critique l’inaction présumée de la Commission européenne, qu’elle juge trop laxiste sur les contrôles douaniers. Toutefois, cette lecture est contredite par Bruxelles. En mars 2025, le commissaire européen à l’Agriculture, Christophe Hansen, a répondu à une question écrite de la députée espagnole Carmen Crespo en affirmant qu’aucune fraude n’avait été constatée.
Selon Hansen, les importations agricoles marocaines respectent les termes de l’accord d’association de 2012, toujours en vigueur malgré les arrêts de la CJUE. Il a précisé que les autorités douanières des États membres restent compétentes pour vérifier l’étiquetage et qu’aucune anomalie systémique n’a été détectée à ce jour.