À Essaouira, le 12ème Forum des droits de l’homme, organisé dans le cadre du 26ème Festival Gnaoua et Musiques du Monde, a réuni des experts autour du rôle essentiel de la migration dans le renouvellement des expressions culturelles. Deux symposiums ont mis en lumière les liens entre activisme, créativité artistique et transformations technologiques dans un monde en pleine mutation.
Le premier colloque a exploré comment les représentations artistiques et culturelles combattent la stigmatisation liée à la mobilité et à la migration. Les participants ont insisté sur le pouvoir de l’art pour ouvrir le dialogue, renforcer la mémoire collective et valoriser la diversité des contributions des migrants, au-delà des clichés géopolitiques ou économiques. Ils ont souligné que la migration porte en elle des récits humains riches de courage, de transformation, d’héritage et d’appartenance, qui enrichissent la compréhension globale des mobilités humaines au-delà des approches purement techniques ou sécuritaires.
Les intervenants ont également insisté sur l’importance de l’art et de la culture dans la construction de nouvelles approches de la migration fondées sur l’intégration, la reconnaissance mutuelle et l’interaction. La culture est perçue comme un espace de négociation identitaire où se croisent différentes appartenances et où se bâtissent des ponts entre communautés diverses.
Le deuxième symposium, intitulé « Migration et créativité culturelle dans le futur », s’est concentré sur le dynamisme produit par la migration dans la sphère culturelle, qui nourrit la refonte de l’imaginaire collectif et le renouvellement des formes d’expression artistique. Les participants ont souligné que ces dynamiques humaines génèrent de nouveaux langages créatifs, favorisent le métissage artistique et contribuent à bouleverser les récits culturels dominants, ouvrant ainsi la voie à des expressions inédites.
Par ailleurs, les avancées technologiques rapides, notamment l’intelligence artificielle et le métavers, ont été au centre des débats. Ces innovations transforment profondément les modes de création, de diffusion et de réception artistique. Les intervenants ont exprimé leurs préoccupations face à la « dominance des algorithmes », qui tend à orienter les contenus artistiques vers des logiques de performance et de consommation, au détriment de la diversité culturelle. Cette tendance risque d’appauvrir la représentation des artistes issus de l’immigration, souvent enfermés dans des images stéréotypées, injustes et peu pluralistes.
Face à ces défis, le forum a appelé à une résistance créative collective visant à protéger la diversité culturelle, encourager la pluralité des récits et affirmer notre humanité commune. Il a également souligné la nécessité d’adopter des politiques culturelles publiques inclusives, favorisant la mobilité des artistes, soutenant la liberté d’expression et promouvant la culture médiatique ainsi que la citoyenneté numérique.
Enfin, le forum a insisté sur l’importance d’une vision institutionnelle intégrant la dimension culturelle de la migration, ainsi que ses aspects économiques, dans une approche globale. Cette perspective considère les migrants comme des acteurs essentiels à la construction de sociétés plus ouvertes, justes et diversifiées.
Ce rendez-vous, organisé en partenariat avec le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger, sous le thème « Mobilité humaine et dynamiques culturelles », constitue un espace de réflexion libre sur le rôle de la migration dans le futur de nos sociétés. Placé sous le HP de SM le Roi Mohammed VI, le Festival Gnaoua et Musiques du Monde célèbre cette année, à l’occasion de sa 26ème édition, la richesse de la diversité culturelle et le dialogue interculturel, à travers une programmation musicale et artistique riche et métissée.
