Réunis à Skhirat à l’occasion du Forum ClimAfrica 2025, plusieurs responsables africains et internationaux ont appelé à renforcer les investissements, les synergies régionales et la coopération Sud-Sud pour bâtir une véritable résilience climatique sur le Continent. Le ministre de l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka, a insisté sur l’urgence d’accélérer les actions collectives face aux défis croissants liés aux dérèglements climatiques.
Lors de la séance d’ouverture, il a souligné l’importance de mobiliser à la fois les ressources publiques et privées pour structurer une réponse durable, capable de répondre aux besoins locaux. Il a plaidé pour une coopération régionale plus active, portée notamment par le partage d’expertise et le développement de projets communs. Le Maroc, a-t-il affirmé, se tient prêt à mettre son savoir-faire au service des pays africains dans le cadre d’initiatives alignées avec les priorités du Continent.
Le ministre a aussi salué l’apport du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme et du Centre africain pour les applications de la météorologie au développement. Pour lui, le financement climatique, notamment celui des banques multilatérales de développement, reste un levier indispensable pour passer des engagements aux réalisations concrètes.
Les lacunes techniques en matière de détection et d’alerte continuent toutefois de freiner la mise en œuvre de politiques climatiques efficaces dans plusieurs pays africains. Des systèmes d’alerte précoce encore inadaptés, un accès inégal aux financements et des capacités de diffusion d’information limitées rendent ces territoires vulnérables. Face à ces carences, Nizar Baraka a mis en avant le rôle central de la Direction générale de la météorologie du Maroc, devenue un acteur régional reconnu, engagé dans une coopération active avec ses partenaires africains.
Le Forum a également donné la parole au ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, qui a défendu une approche intégrée entre politique industrielle et stratégie climatique. Selon lui, l’industrie bas carbone représente un moteur de croissance pour l’Afrique, à condition de miser sur les énergies propres. Il a rappelé que le Maroc, fort de son potentiel renouvelable, s’impose aujourd’hui comme une plateforme industrielle verte à l’échelle régionale.
Le ministre a par ailleurs évoqué l’Offre Maroc Hydrogène Vert, lancée en mars 2024, qui vise à structurer toute la chaîne de valeur autour de l’hydrogène vert. Ce programme s’inscrit dans la vision de S.M. le Roi Mohammed VI pour une transition énergétique inclusive et créatrice d’emplois, en lien avec des filières industrielles clés telles que la sidérurgie, la métallurgie, le ciment ou le verre.
Ko Barrett, vice-secrétaire générale de l’Organisation météorologique mondiale, a pour sa part estimé que l’Afrique doit occuper une place centrale dans l’effort mondial d’élargissement des systèmes d’alerte. Elle a rappelé que seuls 23 pays africains disposent aujourd’hui de dispositifs complets. La plateforme ClimWeb, déjà utilisée par près de 70 % des États africains, constitue à ses yeux une base solide à renforcer.
Elle a insisté sur le rôle stratégique de la transformation numérique, sur la nécessité de mobiliser davantage de ressources et sur l’impératif d’impliquer le secteur privé dans l’élaboration de réponses climatiques à l’échelle continentale. Elle a conclu en soulignant que seule une action collective permettra de bâtir une résilience durable.
Organisé en amont de la COP30, le Forum ClimAfrica s’est ouvert sous le thème « Du risque à la résilience », avec pour ambition d’accélérer le déploiement de systèmes d’alerte adaptés aux réalités africaines et de structurer des coopérations innovantes dans le domaine climatique.