L’art ancestral de l’Aïta pourrait bientôt franchir une nouvelle étape de reconnaissance. À Casablanca, plusieurs spécialistes réunis vendredi dans le cadre du Festival de l’Aïta Marsaouia ont appelé à inscrire ce genre musical sur la liste du patrimoine culturel immatériel mondial de l’UNESCO.
Ils ont souligné la portée historique et symbolique de l’Aïta, perçue comme l’un des piliers de l’identité culturelle marocaine, et insisté sur la nécessité de formaliser sa reconnaissance à l’échelle internationale. Les discussions ont mis en lumière les actions menées par divers acteurs, institutions et chercheurs pour préserver, documenter et transmettre cet héritage vivant.
Parmi les interventions, celle de Ratiba Reigh Lma, professeure à l’Université Ibn Zohr d’Agadir, a rappelé que l’Aïta, dans sa forme Marsaouia notamment, représente bien plus qu’un répertoire musical. « C’est un cri, un appel », a-t-elle souligné, en expliquant que cette musique exprime un langage populaire enraciné dans le quotidien et l’histoire collective. Elle a détaillé les différentes variantes régionales de l’Aïta, au nombre de neuf, dont l’Haouzia, la Mellalia, la Zaâria ou encore la Hassaniya.
L’universitaire a insisté sur la richesse documentaire de l’Aïta, capable de fournir des repères géographiques, historiques et sociaux précieux. Une approche pluridisciplinaire serait, selon elle, nécessaire pour en cerner la profondeur.
De son côté, Azzeddine Kara, cadre au ministère de la Culture et spécialiste du patrimoine, a rappelé que l’inscription au patrimoine mondial ne se décrète pas. Elle répond à des critères précis définis par la Convention de l’UNESCO de 2003, qui encourage une conservation durable et une participation active des communautés concernées.
Même tonalité chez Abdelouahad Mouaddine, représentant de la direction régionale de la Culture à Casablanca, qui a salué l’élan porté par cette édition du festival. Il a affirmé que le ministère œuvre activement pour faire avancer cette candidature, s’appuyant sur l’expérience acquise avec d’autres éléments du patrimoine national comme le Malhoun.
Organisé entre Casablanca, El Jadida et Mediouna, le Festival de l’Aïta Marsaouia, qui se tient jusqu’au 2 août, multiplie les concerts, hommages et rencontres autour de cet art populaire. Soutenue par le ministère de la Culture et le Conseil régional de Casablanca-Settat, cette initiative ambitionne de replacer l’Aïta au cœur de la scène artistique et de conforter sa reconnaissance au-delà des frontières.