La culture licite du cannabis gagne du terrain dans la province de Chefchaouen. En un an, la superficie cultivée a plus que doublé, passant de 616 hectares à 1.347 hectares en 2025, selon les données communiquées par la direction provinciale de l’Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis (ANRAC). Une progression qui s’accompagne d’une mobilisation croissante des agriculteurs et d’un renforcement du tissu coopératif local.
À l’échelle nationale, cette province représente désormais près du tiers des 4.751 hectares officiellement cultivés. Cette année, 1.435 agriculteurs répartis au sein de 104 coopératives ont été impliqués dans la filière, contre 606 agriculteurs et 54 coopératives un an plus tôt.
Chefchaouen concentre l’essentiel de ses cultures sur la variété locale de cannabis dite « Beldia », cultivée sur 1.222 hectares par 1.220 agriculteurs au sein de 68 coopératives. La variété importée couvre, quant à elle, 125 hectares, répartis entre 215 agriculteurs regroupés dans 36 coopératives.
Cette montée en puissance a permis de dynamiser les zones rurales concernées, en renforçant leur intégration dans une économie structurée et régulée. Elle a aussi favorisé le développement d’unités de transformation locales, capables de valoriser cette matière première à travers la production de biens médicinaux, cosmétiques ou issus du terroir.
Dans la commune de Bab Berred, la coopérative « Bio Cannat », fondée en 2022, illustre cette dynamique. Elle transforme le cannabis licite reçu de ses coopératives partenaires en une gamme de produits distribués sur le marché national et à l’export. Oussama Gherouss, responsable qualité, explique que cette transformation suit un processus rigoureux, de la séparation des graines à la purification finale en laboratoire.
« Bio Cannat » dispose aussi d’un point de vente autorisé à Tanger, à partir duquel elle exporte certains de ses produits. Cette structuration du circuit de transformation et de distribution permet à la filière de franchir un nouveau cap.
Le mouvement attire de nouveaux producteurs. À Bab Taza, la coopérative « Mazarii Amdghous », présidée par Abdesslam Amraji, a vu son activité croître depuis 2023, année où elle a démarré avec un accompagnement de l’ANRAC. Face au succès rencontré, une nouvelle coopérative dédiée à la culture de la variété « Beldia » a récemment vu le jour dans la même commune.
Portée par l’engagement des agriculteurs, le soutien institutionnel et l’émergence d’un écosystème de valorisation, la filière poursuit son expansion. Plusieurs coopératives ont déjà entamé la construction de nouvelles unités de transformation, appelées à entrer en service dans les prochains mois.