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Bank Al-Maghrib trace les contours d’une reprise sous contrainte

Bank Al-Maghrib trace les contours d’une reprise sous contrainte
Bank Al-Maghrib trace les contours d’une reprise sous contrainte

La Banque centrale a livré un tableau nuancé de l’économie nationale à l’occasion de son rapport annuel présenté au roi le 29 juillet. Malgré un contexte mondial instable, marqué par des tensions géopolitiques persistantes et un ralentissement de la croissance globale, l’économie marocaine a fait preuve d’une certaine capacité d’adaptation, sans pour autant masquer ses fragilités.

À l’échelle internationale, l’année 2024 a été marquée par une croissance modérée, tombée à 3,3 % contre 3,5 % un an plus tôt. Les grandes puissances comme les États-Unis, la Chine et l’Inde ont porté cette dynamique. Les prix de l’énergie ont reculé, tandis que ceux des métaux précieux, et notamment de l’or, ont connu une flambée (+22,9 %). L’inflation mondiale a ralenti à 5,7 %, poussant la plupart des banques centrales à desserrer leur politique monétaire, à l’exception notable de la Banque du Japon, qui a relevé ses taux pour la première fois depuis près de deux décennies. L’endettement public mondial, quant à lui, a atteint un niveau record de 92,3 % du PIB.

Dans ce contexte, l’économie marocaine a enregistré une croissance de 3,8 %, contre 3,7 % en 2023. Cette progression a été freinée par une nouvelle baisse du PIB agricole, conséquence directe d’une sécheresse persistante. À l’inverse, les secteurs non agricoles – notamment les BTP, l’industrie et le tourisme – ont affiché une dynamique soutenue. L’investissement a bondi de 10,9 %, dopé par les projets liés aux échéances internationales à venir.

L’inflation a poursuivi son repli, atteignant 0,9 %, en lien avec l’orientation de la politique monétaire, les aides publiques et la détente sur les prix de l’énergie et des denrées alimentaires à l’international. Dans ce climat, Bank Al-Maghrib a abaissé son taux directeur à 2,5 %, à la faveur de deux baisses successives.

Malgré cette relative stabilité, le marché du travail reste sous pression. En 2024, 82 000 emplois ont été créés, mais cette progression ne compense pas la perte de 137 000 postes dans le secteur agricole. Le chômage continue de grimper, avec un taux de 13,3 %, des niveaux particulièrement élevés pour les jeunes et les femmes, et un taux d’activité limité à 43,5 %. Depuis 2019, près d’un million d’emplois agricoles ont disparu, sans compensation équivalente dans les autres secteurs.

Sur le plan budgétaire, le déficit public a été réduit à 3,9 % du PIB, hors recettes de privatisation. Une amélioration rendue possible grâce à une hausse des recettes fiscales, à la réduction partielle de la subvention sur le gaz butane et à des mécanismes de financement alternatifs. La dette publique directe a reculé à 67,7 % du PIB. Le déficit courant s’est maintenu à un niveau modéré de 1,2 %, malgré un déséquilibre commercial élevé (19,1 % du PIB), contrebalancé par des recettes touristiques record (112,5 milliards de dirhams) et des transferts des Marocains résidant à l’étranger à hauteur de 119 milliards. Les réserves de change se sont stabilisées à 375 milliards de dirhams, équivalant à un peu plus de cinq mois d’importations. Les investissements directs étrangers, eux, ont atteint 2,7 % du PIB.

Bank Al-Maghrib a également poursuivi ses chantiers stratégiques, notamment avec la création de nouveaux instruments de couverture (swaps de change et de taux), le renforcement du cadre de ciblage de l’inflation, la mise en place d’un fonds FinTech de 100 millions de dirhams et la finalisation d’un projet de loi sur les cryptoactifs. Une évaluation conjointe avec la Banque mondiale sur les impacts climatiques a débouché sur de nouvelles orientations prudentielles.

L’institution a formulé plusieurs recommandations structurelles, en insistant sur la nécessité de renforcer la résilience face au changement climatique, d’améliorer l’efficience des politiques publiques, de mieux encadrer les petites entreprises, et de stimuler l’entrepreneuriat. Elle pointe aussi la faiblesse du tissu productif national, dominé par les TPE informelles à faible valeur ajoutée.

Bank Al-Maghrib appelle à maintenir un cadre macroéconomique sain pour garantir la soutenabilité budgétaire et poursuivre les réformes sociales. Les réformes des retraites, de la budgétisation et des aides sociales sont jugées prioritaires, avec un avertissement sur les risques liés à l’empilement de crédits supplémentaires.

Enfin, le rapport s’inscrit dans le sillage du discours royal du 29 juillet, qui trace une feuille de route pour renforcer la résilience de l’économie face aux chocs futurs et améliorer sa réactivité dans un environnement mondial incertain. La Banque centrale défend l’idée de politiques ambitieuses mais réalistes, capables de produire un impact tangible sur les conditions de vie, notamment dans les zones les plus enclavées.

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