Dans la province d’Al Haouz, la reconstruction engagée après le séisme du 8 septembre 2023 transforme peu à peu le visage des douars et redonne une forme de stabilité à des milliers de foyers. Des habitations sortent de terre, les tentes ont disparu, et une dynamique locale se met en place, portée par la coordination entre les autorités, les habitants et les partenaires techniques.
À Asni, dans les douars d’Asslda et d’Agadir El Feqra, les travaux avancent à un rythme soutenu. Des familles qui avaient tout perdu disposent désormais de logements neufs, édifiés dans le cadre du programme national de reconstruction lancé sur Hautes Instructions Royales. Ce programme repose sur un soutien financier mensuel pour l’hébergement temporaire, ainsi que sur des aides à la reconstruction allant jusqu’à 140 000 dirhams selon les situations.
Partout dans la région, des efforts similaires sont déployés. Les bénéficiaires participent aux travaux, souvent avec les moyens du bord, épaulés par les autorités locales, les ingénieurs, les entreprises et les associations mobilisées sur le terrain. Le taux global d’avancement atteint aujourd’hui 84 %, avec plus de 21 954 logements reconstruits selon des normes techniques rigoureuses. L’objectif est de dépasser les 90 % dans les deux mois à venir.
Mais au-delà du volume des constructions, la complexité du chantier repose sur les contraintes géographiques de cette région montagneuse. Glissements de terrain, érosion, instabilité des sols ou présence de ravins ont rendu plusieurs sites inhabitables. Dans les douars classés en zones à risque, les constructions ont été interdites ou soumises à des conditions strictes. Cela a conduit au déplacement de familles vers de nouveaux sites plus sûrs, choisis après des études géotechniques poussées.
Dans la commune d’Anougal, le douar Salamat a été relocalisé. À Aït Ouzkri et Sidi Hssain, des dizaines de foyers ont également été déplacés vers des zones réaménagées. Le cas le plus emblématique reste celui du douar Tansghart, entièrement transféré après l’identification d’un sol trop fragile pour supporter une reconstruction.
Chaque nouveau site est aménagé selon un schéma intégré, avec accès aux réseaux essentiels et respect des normes antisismiques. Les travaux sont suivis de près par les équipes techniques, jusqu’à la délivrance des certificats de conformité. L’approche adoptée combine ingénierie, planification territoriale et soutien social, dans un souci de durabilité et de sécurité.
Le programme de reconstruction repose sur une organisation méthodique. Il a d’abord fallu évacuer les populations, recenser les sinistrés, dégager les décombres de plus de 23 500 habitations effondrées, puis délivrer les autorisations de construire. Chaque étape a mobilisé des moyens humains et logistiques adaptés à la topographie accidentée et aux conditions d’accès parfois difficiles.
Face aux obstacles du terrain, des solutions alternatives ont été déployées pour accélérer la reprise des travaux dans les zones les plus complexes. Cette démarche a permis de relancer les chantiers pour 15 % des familles encore en attente.
Dans l’ensemble, la province d’Al Haouz s’affirme aujourd’hui comme un territoire en reconstruction active. Au-delà des chiffres, c’est une trajectoire collective qui se dessine, marquée par la résilience, la solidarité et l’engagement partagé pour rebâtir des conditions de vie dignes, durables et adaptées aux réalités du terrain.
