Le Maroc a réaffirmé jeudi à Genève son engagement en faveur d’un développement numérique inclusif et durable en Afrique, fondé sur des infrastructures solides. L’ambassadeur représentant permanent du Royaume auprès de l’ONU, Omar Zniber, s’exprimait lors d’une session de haut niveau du Forum Public 2025 de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), consacrée au potentiel numérique du continent.
Coorganisée par les missions permanentes du Maroc et de la France, avec l’International Chamber of Commerce (ICC France) et l’Association française des entreprises privées (AFEP), la rencontre a réuni responsables publics, acteurs privés et organisations internationales autour des principaux obstacles au commerce numérique en Afrique. Les débats ont mis en avant des défis structurels persistants : manque d’infrastructures, connectivité inégale, cadres réglementaires insuffisants et faiblesse des solutions de paiement accessibles.
M. Zniber a rappelé que l’économie numérique représente un levier stratégique de développement. « L’avenir du commerce est vert, digital et inclusif », a-t-il souligné, estimant que le numérique doit être envisagé dans une logique de solidarité, de développement et de souveraineté technologique. Il a également insisté sur la nécessité d’un effort concerté pour relever les défis liés à la cybersécurité, à la régulation de l’intelligence artificielle et à l’adoption de normes adaptées.
Le diplomate a présenté la stratégie Digital Morocco 2030, lancée en 2024, qui ambitionne de créer 240 000 emplois directs, d’ajouter 100 milliards de dirhams au PIB et de positionner le Maroc parmi les 50 premiers pays en matière de services numériques. Il a cité plusieurs initiatives concrètes comme PortNet, BADR, TijarIA, ainsi que des partenariats stratégiques avec Mistral AI et Nokia, confirmant la volonté du Royaume de devenir un hub numérique africain.
M. Zniber a également mis en avant l’Initiative Atlantique lancée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, visant à relier les pays du Sahel à l’océan Atlantique grâce à des corridors logistiques modernes et à un partage de technologies éprouvées. Le volet formation est au cœur de cette ambition, avec notamment le programme “Excellence in Africa” développé en partenariat entre l’Université Mohammed VI polytechnique (UM6P) et l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL).
Pour sa part, la Directrice générale du Centre islamique pour le développement du commerce, Latifa El Bouabdellaoui, a rappelé les six principaux obstacles à surmonter : infrastructures déficientes, lacunes réglementaires, absence de paiements numériques fiables, capacités institutionnelles limitées, difficultés de financement et manque de compétences. Elle a insisté sur la nécessité d’avancer conjointement en matière de régulation et d’investissement, tout en dotant les pays d’agences nationales spécialisées pour mettre en œuvre les stratégies numériques.
Les échanges ont également mis l’accent sur le rôle du digital dans l’inclusion des zones rurales, l’amélioration des services éducatifs et sanitaires et la nécessité d’un cadre réglementaire solide pour attirer les investissements. Les panélistes ont souligné que si l’OMC ne peut tout porter seule, elle reste une plateforme clé de coopération, de partage de pratiques et d’élaboration de normes internationales.
