À l’occasion du 10ᵉ Congrès de l’Ordre des Experts-Comptables, tenu à Rabat, le Haut-Commissaire au Plan, Chakib Benmoussa, a plaidé pour une appropriation large et inclusive de l’intelligence artificielle au service de la transformation économique du Maroc. Il estime que cette révolution technologique, encore en phase d’intégration, doit être mise au service d’un développement plus équitable et structurant.
Intervenant lors d’une plénière consacrée aux nouvelles règles du jeu économique, M. Benmoussa a souligné l’urgence de former massivement, aussi bien dans le cadre de l’enseignement initial que de la formation continue. Selon lui, la transition actuelle ne se limite pas à l’émergence de nouveaux outils, mais transforme en profondeur la nature des métiers et la dynamique du marché du travail.
Les effets de cette mutation sont déjà perceptibles : certains secteurs voient leur activité amplifiée, d’autres sont confrontés à une obsolescence progressive de certains postes, en particulier ceux liés aux tâches administratives et techniques répétitives. Plusieurs études internationales, a rappelé le responsable, estiment qu’un quart des métiers actuels sont potentiellement exposés à l’automatisation.
Plutôt que de craindre une disparition massive d’emplois, M. Benmoussa évoque une reconfiguration profonde du monde du travail, marquée par une interaction homme-machine toujours plus étroite. Pour accompagner cette évolution, il appelle à intégrer les fondamentaux de l’IA dès les cursus scolaires et à proposer aux professionnels des parcours de reconversion ou de perfectionnement adaptés aux nouvelles compétences exigées.
Au sein du Haut-Commissariat au Plan, une base de données est en cours de finalisation pour analyser de manière prospective les effets de l’IA sur les métiers et les compétences, dans le but d’anticiper les besoins en formation et les risques de désajustement.
De son côté, Brahim Benjelloun Touimi, président du Conseil d’administration de la Bourse de Casablanca, a insisté sur le rôle central de la transparence, tant financière qu’extra-financière, pour restaurer la confiance des investisseurs et attirer les capitaux nécessaires aux grandes transitions à venir. Pour lui, les marchés de capitaux sont appelés à jouer un rôle complémentaire à celui du système bancaire, notamment pour financer la transition énergétique, numérique et industrielle.
Adil Douiri, président du Groupe Mutandis et de CFG Bank, a quant à lui mis l’accent sur la nécessité d’une double stratégie : poursuivre le développement industriel et miser sur l’intelligence artificielle. Il a insisté sur l’importance des ressources humaines scientifiques, en particulier les ingénieurs et mathématiciens, pour faire émerger une expertise locale apte à s’inscrire dans cette révolution technologique.
La plénière, placée sous le thème « IA, durabilité, talents : la stratégie gagnante », a permis de croiser les regards sur les transformations en cours. Elle a souligné la nécessité d’une approche intégrée combinant innovation technologique, montée en compétence et durabilité, afin d’armer les acteurs économiques face aux défis d’un environnement mondial en constante mutation.



