Un quart de la population mondiale reste privé d’un accès sécurisé à l’eau potable. C’est le constat que dressent l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Unicef dans un rapport publié mardi, qui alerte sur le retard pris dans l’atteinte de l’objectif d’un accès universel d’ici 2030.
Plus de deux milliards de personnes dépendent encore de systèmes d’approvisionnement en eau jugés non sûrs, dont plus de 100 millions puisent directement dans des sources de surface – rivières, étangs ou canaux – exposées à une forte contamination. Depuis 2015, des progrès ont été réalisés : 961 millions de personnes ont pu accéder à un service géré de manière sûre, mais la couverture mondiale ne dépasse toujours pas 74 %.
Les agences onusiennes pointent un ralentissement préoccupant. « L’eau, l’assainissement et l’hygiène ne sont pas des privilèges, ce sont des droits humains fondamentaux », rappelle Rüdiger Krech, responsable de l’environnement et du changement climatique à l’OMS. Selon lui, les efforts doivent se concentrer sur les communautés les plus marginalisées, qui restent exclues des progrès observés ailleurs.
Le rapport distingue plusieurs niveaux de service : le niveau le plus élevé correspond à un accès à domicile, sans contamination fécale ni chimique. Viennent ensuite les niveaux basique, limité, non amélioré et eau de surface. L’Afrique concentre toujours la majorité des pays où une personne sur quatre n’a pas accès à un service de base.
L’assainissement progresse également, mais reste insuffisant. Environ 1,2 milliard de personnes ont rejoint depuis 2015 les rangs de celles disposant d’installations gérées de façon sûre, où les excréments sont correctement éliminés ou traités. Ce taux atteint aujourd’hui 58 % au niveau mondial. Le nombre de personnes pratiquant la défécation à l’air libre est en baisse, mais concerne encore 354 millions d’individus.
Les services d’hygiène, enfin, connaissent l’évolution la plus nette. Près de 80 % de la population mondiale a désormais accès à un dispositif permettant de se laver les mains avec de l’eau et du savon, contre 66 % il y a dix ans.
Mais le rapport souligne aussi les disparités persistantes. « Lorsque les enfants n’ont pas accès à l’eau potable, à l’hygiène et à des installations sanitaires adaptées, leur santé, leur éducation et leur avenir sont compromis », avertit Cecilia Scharp, responsable du programme WASH à l’Unicef. Elle souligne en particulier les inégalités qui touchent les filles, souvent chargées de la collecte de l’eau et confrontées à des obstacles supplémentaires liés à la gestion de leurs règles.