Il flotte encore dans l’air du théâtre Mohammed V l’écho d’une voix que le monde arabe n’a jamais oubliée. Lundi soir, au cœur de la 20ème édition du Festival Mawazine-Rythmes du Monde, le légendaire Abdelhalim Hafez est remonté sur scène, ramené à la vie par la magie de l’holographie. Une prouesse technique, mais surtout une expérience émotionnelle rare.
Dans une salle comble, les premières notes de « El Maa’ Wal Khodra », ode au Maroc, ont suffi à faire jaillir les frissons. Là, face à un public ému aux larmes, le “Rossignol brun” apparaissait, plus vrai que nature. Mouvements, regards, gestes… tout dans cet hologramme réincarnait la grâce et la sensibilité de l’icône romantique, disparu en 1977 mais resté éternel dans les mémoires.
Durant ce voyage suspendu entre passé et présent, les grands classiques comme Bahebek, Awel Mara, Gana El Hawa, Gabar ou Asmar ya Smarani ont résonné comme autant de ponts tendus entre les générations. Les voix se sont mêlées à celle d’Abdelhalim, dans une communion rare, presque sacrée. On chantait, on pleurait, on se souvenait.
L’orchestre live, la mise en scène élégante et les lumières subtilement orchestrées ont renforcé cette illusion parfaite. Plus qu’un concert, ce fut un hommage vibrant, une célébration de l’amour, de la poésie et de cette voix qui incarne à elle seule l’âge d’or de la chanson arabe.
Ce n’est pas la première fois que Mawazine fait revivre les géants de la musique orientale par la technologie : Oum Kalthoum avait, elle aussi, retrouvé la scène grâce à un hologramme lors de l’édition précédente. En réitérant l’expérience avec Abdelhalim Hafez, le festival confirme son engagement à préserver, réinventer et transmettre le patrimoine musical arabe à la lumière des innovations du présent.
Ce moment d’exception, au croisement de la nostalgie et de la modernité, restera sans doute l’un des plus marquants de cette édition anniversaire. Il témoigne, une fois encore, de la capacité du Festival Mawazine à faire dialoguer les époques, les cultures et les émotions, au service d’un public fidèle et passionné.
