Mercredi 14 mai 2025 à Rabat, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a présenté son avis attendu sur la petite et moyenne agriculture familiale, qui représente 70 % des exploitations agricoles marocaines mais ne reçoit que 14,5 milliards de dirhams d’investissements, contre 99 milliards pour l’agriculture à haute valeur ajoutée. Ce secteur, pilier essentiel de l’économie rurale, est qualifié de « maillon faible » des politiques publiques.
Présidé par Abdelkader Amara, le CESE a souligné que l’agriculture familiale ne se limite pas à une activité économique, mais constitue un mode de vie qui assure la sécurité alimentaire locale, crée des emplois, limite l’exode rural et préserve les traditions. Pourtant, le secteur fait face à de nombreuses contraintes, notamment le changement climatique, la fragmentation des terres, la difficulté d’accès au financement et un encadrement insuffisant.
Le CESE a mené une large consultation citoyenne, avec une participation record de 57 % de ruraux, révélant les principales préoccupations : le manque de soutien technique, la vulnérabilité face au climat, les difficultés d’organisation et d’accès au financement. La faible participation des jeunes à cette consultation pose la question de la relève générationnelle.
Le rapport identifie plusieurs défis majeurs : accès limité aux ressources et à la mécanisation, manque d’encadrement agricole, problèmes fonciers (88 % des terres non immatriculées), couverture sociale inadéquate, et pressions croissantes liées au stress hydrique et à la durabilité.
Face à ce constat, le CESE propose une vision ambitieuse pour transformer l’agriculture familiale en un secteur plus productif, inclusif et durable, en insistant sur cinq axes prioritaires : améliorer l’accès au financement et promouvoir des pratiques agricoles durables, mettre en place une protection sociale adaptée, valoriser les fonctions environnementales, renforcer le conseil agricole et l’organisation professionnelle, et orienter la recherche vers les besoins spécifiques de l’agriculture familiale.
Cette transformation passe aussi par un soutien accru à l’organisation collective des agriculteurs en coopératives et groupements, le développement des circuits courts et la facilitation de la transmission des exploitations aux jeunes, pour assurer la pérennité du modèle agricole familial.
Le CESE rappelle ainsi que renforcer la petite et moyenne agriculture familiale est non seulement une question d’équité sociale, mais un impératif pour la durabilité et la souveraineté alimentaire du Maroc.